Notre rubrique « Éclairage » propose un entretien avec Marianne Helfer, la nouvelle responsable du SLR, sur les défis connus ou nouveaux auxquels le service est confronté.
Cet automne, vous avez pris la direction du Service de lutte contre le racisme. De quoi vous réjouissez-vous et quels sont vos sujets de préoccupation ?
Je me réjouis beaucoup de poursuivre, avec mon équipe et de nombreux autres partenaires, le développement de la lutte contre le racisme de la Confédération au cours des prochaines années. Depuis la création du service il y a 20 ans, un travail de pionnier a été accompli : la lutte contre le racisme est devenue une tâche publique. Nous devons maintenant capitaliser sur cette expérience et en faire une réalité en collaboration avec l’administration, la société civile et le monde politique. Autrement dit, le racisme doit être reconnu comme un problème de société et il faut un débat sur la manière de le combattre ; les personnes concernées doivent avoir un accès encore plus large à la protection et au conseil ; les institutions doivent être à même d’accueillir la diversité et de lutter contre la discrimination. Le SLR y travaille avec beaucoup d’autres. Nous continuerons à le faire avec dynamisme et persévérance.
S’agissant de la lutte contre le racisme, quels défis voulez-vous relever avec le SLR ?
Si l’on veut lutter contre le racisme, encore faut-il bien comprendre le problème et la situation. On peut encore améliorer les instruments de monitorage et rendre leurs résultats plus visibles, afin que la politique et l’administration prennent des mesures sur la base de données et de faits. Nous devons parvenir à démontrer clairement que le racisme est un problème structurel et pas (seulement) interpersonnel. La société civile ne manque pas d’engagement et de projets formidables. Mais on agit trop souvent de manière isolée et on ne cesse de réinventer la roue. Le SLR peut rapprocher les acteurs, les mettre en réseau et les conforter dans leur rôle dans la lutte contre le racisme. C’est un point qui me tient à cœur – car personne ne peut avancer seul dans ce domaine. Les personnes qui subissent des discriminations doivent avoir accès à des conseils et à un soutien. Or, il faut reconnaître que les offres en la matière sont souvent très précaires. Il appartient à l’État de renforcer les structures de sorte que les personnes concernées trouvent réellement protection et conseil. Enfin, de nombreuses institutions, notamment publiques, ont du retard sur la réalité sociale. Nous devons trouver les moyens pour qu’elles s’ouvrent à la diversité, représentent réellement la population, soient accessibles aux groupes cibles et protègent activement contre la discrimination. Cela vaut aussi pour l’ensemble de la société.
La série « Parlons-en ! 20 voix sur le racisme » a commencé le 12 novembre 2021. Quel est le but de ces podcasts ?
Cette série de podcasts réunit 20 spécialistes de la lutte contre le racisme qui dressent un tableau des succès de ces deux décennies, mais aussi des défis actuels de la lutte contre la discrimination et le racisme. Ce bilan intermédiaire doit servir au SLR et à d’autres pour affiner les objectifs fixés et en définir de nouveaux. Mais la série de podcasts est aussi et surtout une manière de relancer le débat entre les acteurs de la politique, de l’administration, de la société civile et de la communauté scientifique, dans un sens constructif. C’est pourquoi toutes les personnes qui participent à cette série se réuniront lors d’un colloque à l’été 2022 afin de poursuivre la discussion initiée dans les différents épisodes. Une nouvelle énergie peut naître de la mise en réseau, de la diversité du savoir et des débats, c’est ma conviction.
