Schweizer Literaturpreise
Solothurn, 30.05.2025 — Rede von Bundesrätin Elisabeth Baume-Schneider anlässlich der Übergabe der Schweizer Literaturpreise. Es gilt das gesprochene Wort.
Les réservés, les subtils, les profonds ont-ils encore une chance d’être entendus? Pas vraiment, me direz-vous spontanément. Le combat pour l’attention est sans merci. Pour être entendu et compris, il faut dire les choses de manière radicale, absolue. En substance et plutôt sans substance. Au prix de la nuance. Voilà pour le diagnostic… Vouloir le contredire est osé. C’est pourtant le cas de Fleur Jaeggy, qui nous laisse sans voix. Car elle manie, cisèle à merveille retenue et complexité, pudeur et subtilité. Son œuvre est l’un de ces territoires magiques régis par d’autres lois, à l’abri de l’air du temps. Et qui vaut à Fleur Jaeggy une reconnaissance, une exaltation même, qui ne cesse de grandir ces dernières années.
Was machts Jaeggys Werk so fesselnd? Wie schafft es diese schweizerisch-italienische Autorin, in knappen Worten einen atmosphärischen Sog zu erzeugen, dem wir uns als Leserin, als Leser unmöglich entziehen können? Es ist ihre einzigartige Mischung aus stilistischer Kargheit und verstörender Intensität. In «Ich bin der Bruder von XX» schreibt Jaeggy, ich zitiere: «Einmal, als ich acht Jahre alt war, fragte mich meine Grossmutter: Was wirst Du tun, wenn du erwachsen bist? Und ich antwortete: Sterben will ich. Wenn ich gross bin, will ich sterben. Ich will bald sterben.»
Fleur Jaeggys Romane und Erzählungen spielen oft in beengenden, abgeschotteten Welten, deren Tiefen und Untiefen sie kühl auslotet, vielleicht, weil das die einzige Möglichkeit ist, in diesen Welten zu überleben. Jaeggys minimalistischer Prägnanz haftet nichts Angestrengtes an – obwohl sie zweifellos das Resultat grosser Anstrengung ist. In einem ihrer seltenen Interviews sagte Fleur Jaeggy einst, ich zitiere: «Ich streiche alles, was zu viel ist. Und das ist viel.»
Was ist die Steigerung der Verknappung? Es kann nur das Schweigen sein. Und tatsächlich spielt das Schweigen in Jaeggys Werk eine wichtige Rolle. In den «seligen Jahre der Züchtigung», diesem aufwühlenden Erstlingswerk über ihre Zeit in einem Appenzeller Internat, nimmt das Schweigen eine zentrale Rolle ein. Genauer: Das Zusammen-Schweigen, wie es die Erzählerin und ihre Freundin Frédérique es in ihrer distanziert-intimen Beziehung pflegen. Das Schweigen ist überhaupt eine besonders intensive Kommunikationsform im Mikrokosmos des Internats. Ich zitiere: «In stummem Einverständnis wird zwischen den Schülerinnen (…) von Anfang an und in zerstreuter Herzlichkeit diejenige bestimmt, die ausgestossen wird. Nicht etwa, weil die eine es der anderen weitersagte, sondern es ist ein allgemeiner Impuls.»
Chez Jaeggy, le redondant n’a aucune chance. Seule la sobriété a sa place. La quintessence des constellations humaines ne connaît pas d’échappatoire. Elle les met à nu, surtout celles qui font mal, celles qu’on aime habiller de bavardages. Paradoxalement, ses romans et ses récits nous donnent du courage. Car pour évoquer l’adversité, elle a souvent ce ton laconique, ce ton qui peut troubler – et qui a aussi le don de consoler, en nous accordant tout à coup la fulgurance d’un éclat de rire.
Car, oui, le rire est aussi indissociable de Fleur Jaeggy. Comme l’a écrit la philologue Maria Pilar Soria Millan dans un essai en espagnol sur l’amitié entre Jaeggy et Ingeborg Bachmann: «La relation entre les deux femmes se caractérise autant par le rire que par le silence. (…) Le rire peut, tout comme le silence, sans un mot dénier aux autres le droit d’accéder à soi.» La pudeur, la concision, l’incandescence, la froidure, le rire, le silence.
Cette grande écrivaine explore la condition humaine dans toute son absurdité – pour mieux nous réconcilier avec elle. Fleur Jaeggy fait partie de ces rares artistes dont l’œuvre et la vie sont indissociables. Et c’est justement pour son œuvre, cette œuvre d’une vie qu’elle reçoit le Grand Prix de littérature. Félicitations!