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RedeVeröffentlicht am 28. August 2025

Strategie gegen Rassismus und Antisemitismus

Bern, 26.08.2025 — Rede von Bundesrätin Elisabeth Baume-Schneider anlässlich der Tagung «Strategie gegen Rassismus und Antisemitismus» in Bern. Es gilt das gesprochene Wort.

Alors que nous apprécions à juste titre de relever les progrès de la société, force est de constater qu’une réalité s’impose à nous, une réalité qui nous met peut-être mal à l’aise, mais à laquelle il nous appartient de faire face, à savoir celle liées aux différentes formes de discrimination et du racisme. Il est utile d’oser l’affirmer, encore et encore; de mieux le documenter et le comprendre, pour mieux le dénoncer et lutter contre toutes ses formes.

Oui, le racisme est une réalité quotidienne en Suisse. Dans nos villes, nos campagnes, nos agglomérations, nos écoles, entreprises, hôpitaux, sur les chantiers, sur des lieux de loisirs, les terrains de sport, dans les universités, etc., tous les jours des habitantes et habitants de notre pays y sont confrontés. Parfois victimes, parfois acteurs, parfois observateurs de cette réalité.

Une réalité qui doit non seulement nous préoccuper, mais nous interpeller et nous inviter à agir. Les chiffres sont éloquents. Dans son rapport de 2024, le Service de lutte contre le racisme souligne que pas moins de 17% de la population a déclaré avoir été victime de discrimination raciale au cours des cinq dernières années. Une augmentation significative depuis le début des mesures en 2010. En 2024 toujours, les membres du Réseau de centres de conseil pour les victimes du racisme ont recensé et évalué plus de 1200 cas de discrimination raciale. Soit une augmentation d'environ 40% par rapport à l’année précédente.

Comment le comprendre et proposer des explications? Sollicités sur les causes de cette augmentation, les experts rappellent les raisons structurelles et historiques du racisme et de l'antisémitisme dans notre pays. Ils pointent également du doigt des facteurs plus immédiats et exogènes, intimement liés à l’actualité. La situation géopolitique tendue, marquée par des conflits tragiques – on peut penser en particulier à la situation au Moyen-Orient, apportent des éléments d’explication.

Mais ce n’est pas tout: une certaine libération de la parole est également constatée. De plus en plus de personnes, sensibilisées à la question des discriminations, refusent de subir en silence et se mobilisent pour dénoncer les incidents racistes dont ils sont victimes. C’est fondamentalement une attitude courageuse et pertinente qui doit être saluée.

Cela étant: continuer à analyser de manière approfondie les causes qui expliquent ce phénomène pour en saisir les mécanismes n’est pas une fin en soi et doit favoriser la définition d’objectifs à atteindre pour mieux assumer nos obligations de protection.

Face à la réalité des chiffres, face à la réalité des torts subis, face aux souffrances, notre responsabilité est de lutter avec clarté et détermination contre ces idéologies qui sous-tendent le racisme, qui sous-tendent l’exclusion ou encore la haine, et qui mettent à mal le lien social.

Mais sommes-nous vraiment prêts à affronter cette réalité? Sommes-nous prêts à lutter concrètement contre le racisme et l'antisémitisme, dans notre vie quotidienne? Avons-nous le courage de reconnaître que le racisme et l'antisémitisme nous touchent même lorsqu'ils ne sont pas directement dirigés contre nous ou nos proches? Avons-nous le courage de reconnaître qu’en ne respectant pas les droits fondamentaux de certains d’entre nous, ce sont les droits de l’ensemble des membres de notre société que l’on affaiblit? En d'autres termes, sommes-nous conscients que la lutte contre le racisme et l'antisémitisme est, et reste une lutte pour les droits fondamentaux et la dignité? Poser ces questions, c'est y répondre.

Une responsabilité commune

Le racisme et l'antisémitisme ne sont pas des phénomènes abstraits. Les souffrances qu’ils provoquent sont attestées par des études, des données, des rapports de suivi, par la recherche scientifique et, bien sûr, par les témoignages des personnes concernées. Un corpus complet qui met en relief, en lumière les zones d’ombre, également dans notre pays. En effet, notre coexistence n'est pas toujours aussi démocratique, aussi pacifique et respectueuse des individus, de leurs droits, de leur intégrité, que nous le souhaiterions. Et surtout: elle ne répond pas aux valeurs, aux ambitions inscrites dans notre Constitution.

Ce constat résonne comme un appel à l’action. Ou plus précisément, à la réaction! Cette réaction, nous vous la présentons, nous vous la soumettons aujourd’hui. Pour la première fois, la Suisse se dote d’une stratégie nationale contre le racisme et l'antisémitisme. Tout n’est pas parfait, ni exhaustif; si les Chambres fédérales portent et souhaitent cette stratégie, elles ne l’ont pas accompagnée de nouveaux moyens financiers significatifs. Face à l’ampleur de la tâche, ceux-ci restent modestes et nécessitent une priorisation.

Mais ne nous y trompons pas: le signal politique que nous lançons aujourd’hui, ne saurait être minimisé ou banalisé. Bien au contraire. Nous vivons une période de tensions croissantes, de polarisation dangereuse et de glissement du discours public. Dans certains milieux, il est redevenu acceptable de tenir des propos qui dénigrent, agressent et blessent certains groupes sociaux, en particulier les groupes minorisés. Et nous ne pouvons l’accepter. C’est un des messages transmis en juin par la Commission fédérale contre le racisme à l’occasion de ses 30 ans, lors de la présentation de son manifeste pour une loi générale sur l’égalité de traitement; un message qu’il est fondamental de relayer et de valoriser aujourd’hui. Engageons-nous toutes et tous avec une détermination renouvelée, et renforcée, en faveur des valeurs fondamentales et contraignantes qui fixent les conditions de base de notre vivre-ensemble.

Cette stratégie n'est pas la tâche d'une seule institution ou d’une seule entité administrative; elle ne peut fonctionner que si tout le monde y contribue. La Confédération, les cantons et les communes; les politiques, la société civile, les écoles et universités, les médias, la science et l'économie. Les objectifs sont clairs: coordonner les efforts au niveau national en offrant un cadre de travail et une orientation aux acteurs engagés, et développer une compréhension commune des défis à relever.

Das Herzstück: Das 4x4-Modell

Das Spektrum rassistischer Diskriminierung ist breit. Es reicht von anti-Schwarzen-Rassismus über Anti-Semitismus und anti-muslimischem Rassismus bis hin zum Rassismus gegenüber Jensichen, Sinti/Manouches oder Roma und weiteren Formen des Hasses und der Ausgrenzung. Und jede Form von Rassismus und Diskriminierung hat ihre eigene Geschichte sowie ihre spezifische Wirkungsweise. Deshalb brauchen wir entsprechend differenzierte Antworten. Aber bei aller Unterschiedlichkeit: Die Mechanismen des Hasses und der Ausgrenzung sind oft dieselben. Darum brauchen wir eine Strategie, die beides kann: das Besondere gezielt angehen und gleichzeitig das Ganze im Blick behalten.

Im Zentrum unserer Strategie steht ein Modell mit vier Handlungsfeldern und vier Querschnittsdimensionen. Erstens: Wir müssen das Phänomen beobachten, erfassen und verstehen. Zu viele Diskriminierungen bleiben unsichtbar. Ohne solide Datenbasis können wir keine wirksame Politik gestalten. Zweitens: Wir müssen die Menschen schützen. Jede Person muss in einem Rechtsstaat sicher leben können – ohne Angst vor Diskriminierung oder Gewalt. Drittens: Wir müssen unsere Institutionen hinterfragen und verändern. Institutionen müssen ihre eigenen Strukturen prüfen und diskriminierende Mechanismen verstehen und abbauen. Viertens: Wir müssen gemeinsam handeln – als Gesellschaft. Die Bekämpfung von Rassismus ist eine gesamtgesellschaftliche Aufgabe. Dialog, Bildung, Sensibilisierung und langfristige Allianzen sind der Schlüssel.

Wenn wir in diesen vier Handlungsfeldern Verbesserungen bewirken wollen, müssen wir berücksichtigen, dass es sich nicht um isolierte Themen handelt. Vielmehr gibt es Querschnittsdimensionen, die die Felder miteinander verbinden. Ich möchte hier beispielhaft zwei davon erwähnen: Zum einen die strukturelle Natur des Rassismus. Also die Tatsache, dass er oft in Institutionen und Routinen verankert ist und sich nur beseitigen lässt, wenn wir systematisch vorgehen. Zum anderen möchte ich betonen, dass wir in der Rassismusbekämpfung die Betroffenen nicht vergessen dürfen. Ihre Erfahrungen und Perspektiven sind essenziell für die Entwicklung effektiver Massnahmen.

Le temps est à l’action

Notre objectif est une Suisse ouverte, inclusive et surtout juste, dans laquelle la diversité et l’altérité ne sont pas perçues comme une menace, mais comme une ressource et une force. Une société dans laquelle personne ne devrait subir de discriminations basées sur ses origines, sa couleur de peau, sa religion, son genre, ou tout ce qui constitue son identité. Or cette Suisse du respect et des droits humains ne va pas de soi.

La stratégie nationale contre le racisme et l'antisémitisme n'est donc pas un énième document destiné à finir sous une pile ou dans un tiroir. Il nous appartient, à nous toutes et tous, de faire de cette stratégie un instrument pratique, un outil de travail et de référence à l’intention de la Confédération, des cantons, des communes et de toutes les parties prenantes issues de la société civile, ou encore du monde académique. Un instrument qui serve de base au plan d'action national, prévu pour donner suite et concrétiser cette stratégie, avec des mesures concrètes et mesurables. Ce plan d’action sera mis à jour jusqu’à deux fois par an et une évaluation de l’ensemble de la stratégie est prévue pour 2030.

Et pour reprendre le propos de l’écrivain américain et figure de la lutte pour les droits civiques, James Baldwin: Not everything that is faced can be changed, but nothing can be changed until it is faced. Le temps est à l’action. Il nous appartient avec nos responsabilités respectives individuelles et collectives d’agir ensemble.