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RedeVeröffentlicht am 9. August 2025, aktualisiert am 11. August 2025

Kulturwirtschaft

Locarno, , 09.08.2025 — Rede von Bundesrätin Elisabeth Baume-Schneider anlässlich der vom Bundesamt für Kultur organisierten Veranstaltung zur Kulturwirtschaft. Es gilt das gesprochene Wort.

Mesdames, Messieurs,

C’est avec un grand plaisir mais aussi avec un sentiment de reconnaissance et de responsabilité que j’ai décidé, de vous inviter ici, au Festival du Film de Locarno. L’année passée a permis de mettre en lumière et en relief l’importance et le sens de votre engagement vivifiant pour la scène culturelle professionnelle et amateure de notre pays.

Vous êtes les principaux représentants et les ambassadrices de notre remarquable et remarquée diversité culturelle. Et c’est précisément un des marqueurs de contexte, une signature particulière de notre scène culturelle nationale dont on peut être fiers ; en effet cette diversité contribue à la créativité, est garante de vitalité, d’enthousiasme, et est aussi une source indispensable de cohésion.

La culture, en Suisse, est vécue, partagée, inclusive aussi. La culture n’appartient à personne exclusivement.

Au contraire, elle se partage entre chacune et chacun d’entre nous.

Dans nos villes, dans nos campagnes, dans les agglomérations : les salles de concert, théâtres, chœurs et chorales, ateliers créatifs, cinémas et ciné-clubs, galeries, musées, bibliothèques, écoles de musique, etc., sont des acteurs décisifs du vivre-ensemble, et du sentiment d’appartenance qui lui est lié.

Si la culture est vitale et indispensable à notre équilibre personnel et collectif, elle peut aussi glisser vers des zones plus fragiles. Dans les temps incertains que nous traversons, marqués par l’instabilité et la difficulté de se projeter dans l’avenir, le risque est malheureusement grand de voir certains réflexes prendre le pas sur la réflexion et la sérénité.

De quoi parle-t-on ? De ce narratif, selon lequel en temps de crise, tout ce qui n’est pas absolument indispensable devrait passer au second plan. La culture serait ainsi un simple divertissement de plus, voire de trop, et on pourrait renoncer au soutien aux actrices et acteurs culturels, et aux activités qu’ils développent. Or c’est précisément le contraire qui s’impose.

En période d‘incertitude, la culture joue un rôle central comme source de résilience ; comme condition préalable et enveloppante à l’inclusion ; comme lieu de résonnance pour la diversité ; comme espace de liberté.

Ces missions sont aujourd’hui fragilisées, parfois même remises en question, non seulement par le climat politique international, mais aussi par les pressions budgétaires qui y sont liées.

Mesdames et Messieurs,

Dans un monde où les rapports de force se durcissent et ou la concurrence pour l’accès aux ressources peut devenir féroce, il devient essentiel pour les actrices et acteurs – et les promoteurs d’activités culturelles – de présenter leur cause en valorisant également des arguments économiques.

Faut-il y voir une sorte de capitulation, de soumission à la logique imparable et probante des chiffres, des courbes de rentabilité, du marché ?

En aucun cas. Les faits parlent d’eux-mêmes, et ils impressionnent : en 2022, la valeur ajoutée du secteur culturel en Suisse s'élevait à 16,3 milliards de francs, soit 2,1 % du PIB ; plus de 67 000 entreprises du secteur culturel produisent cette valeur ajoutée et emploient près de 241 000 personnes dans notre pays ; l’Office fédéral de la statistique recense près de 300 000 personnes actives dans le secteur culturel.

L'économie culturelle est également un élément central de Mondiacult, l'initiative de l'UNESCO qui vise à faire de la culture l'un de ses « objectifs de développement durable ». Une initiative que la Suisse soutient de manière active, notamment parce qu’elle confirme et renforce la légitimité et la crédibilité de la culture comme secteur économique.

La plus-value est évidente : l'intégration de la culture dans les objectifs de développement durable permettrait en particulier de mieux évaluer l'impact de la culture, et donc de renforcer les politiques publiques, ainsi que la mobilisation des ressources nécessaires.

Mesdames et Messieurs,

Dans ce contexte particulier, la création cinématographique joue un rôle central ; ce constat s’impose car elle est l’un des principaux moteurs de la création de valeur culturelle et économique.

Une industrie qui a parfaitement compris l’importance de quantifier les effets économiques de ses activités, dans toute leur ampleur et leur profondeur, en passant par les emplois locaux, le tourisme ou encore par les investissements internationaux.

Une industrie qui développe ses effets bien au-delà de la production, en englobant l'ensemble de la chaîne de valeur, depuis les écoles de cinéma jusqu'aux salles, en passant par les festivals, ou par la couverture médiatique, qu’elle soit privée ou publique.

Comme pour la plupart des secteurs économiques, la clé réside dans la mise en place de conditions-cadres favorables. Il faut évoquer ici, au cours des dernières années : les efforts entrepris par la Confédération dans le cadre des Fonds d’incitation à la production cinématographique (PICS) ; les initiatives régionales et cantonales pour la promotion du cinéma, et notamment des tournages, à l’image du travail remarquable mené par la Valais Film Commission, et la Ticino Film Commission, ainsi que par les récentes initiatives du canton de Neuchâtel, de Zurich, ou encore de Genève (présentée hier à Locarno) ; et bien sûr, l'obligation d'investissement pour les plateformes en ligne et les diffuseurs privés dans la loi révisée sur le cinéma (« lex Netflix »), acceptée au printemps 2022 par une claire majorité de la population (58%).

Au total, 124 millions de francs sont disponibles chaque année en Suisse pour la production cinématographique et audiovisuelle indépendante en Suisse. Les piliers principaux du financement en Suisse sont la Confédération, la SSR, les fonds régionaux (à l’image de Cinéforom), Eurimages (le fonds du Conseil de l’Europe) et depuis 2024, toutes les plateformes et télévisions privées qui ont investi dans le cadre de la nouvelle obligation d’investissement (« lex Neftlix »).

Avec 12.6%, la part de marché du cinéma suisse en 2025 atteint un record - notamment grâce à des coproductions comme « Heldin » de Petra Volpe.

Face à cette dynamique prometteuse, force est de constater qu’il nous appartient de prendre en considération l’évolution des finances de la Confédération qui subissent actuellement de fortes pressions.

Dans le cadre du paquet d'allègements budgétaires PA 2027, le Conseil fédéral a décidé de geler la croissance dans le domaine de la culture et du cinéma. Les dépenses culturelles (subventions de l'OFC) seront ainsi plafonnées à leur niveau de 2025, soit à 242,4 millions de francs par an.

La pression sur le secteur cinématographique est considérable.

L’augmentation du nombre de demandes de soutien génèrent - chaque année - un nombre croissant de déceptions – environ 1 demande sur 5 est acceptée ; l’augmentation des coûts de production ces dernières années contribuent également à accroitre cette pression.

Dans ce contexte, il est d’autant plus important de travailler et de s’engager ensemble avec toutes les institutions pour développer des perspectives mobilisatrices.

Meine Damen und Herren,

Gerade in der heutigen Zeit braucht es neue gemeinsame Perspektiven. Vor einem Jahr hat das Bundesamt für Kultur hier in Locarno die Goldmedia Studie zur Filmfinanzierung vorgestellt und zusammen mit der Vertreterinnen und Vertretern aus der Filmbranche die Empfehlungen dieser Studie diskutiert.

Ziel war es, erste kurzfristige Anpassungen der Förderkriterien ab 2026 zu identifizieren.

Die Goldmedia Studie schlägt darüber hinaus aber auch mittelfristige Reformen vor :

Zum einen, die Entwicklung einer wirtschaftlichen Filmstandortförderung, um gezielt Investitionen und Dreharbeiten in der Schweiz zu fördern.

Zum anderen, eine wirtschaftliche Standortförderung könnte eine wichtige Lücke im bisherigen System der rein kulturell motivierten Filmförderung schliessen, und damit wir mit unseren Nachbarländern wie Österreich (die ein Budget von 80 Millionen Euro für die wirtschaftliche Standortförderung haben) wettbewerbsfähig zu bleiben.

Zweitens soll die Zusammenarbeit zwischen den Förderinstitutionen gestärkt werden, damit in Zukunft Projekte besser und effizienter finanziert werden können.

Ein Jahr nach der Präsentation der Studie nimmt das BAK die Ausgabe 2025 des Filmfestivals Locarno zum Anlass, diese mittelfristigen Reformen konkret anzugehen. Ziel ist es, ein kohärentes Szenario für eine wirtschaftlich und kulturell nachhaltige Filmförderpolitik zu entwerfen – im Hinblick auf die Kulturbotschaft 2029.

Die zentrale Herausforderung für die Schweiz liegt künftig darin, zielgerichtete Anreize für Investitionen und Filmproduktionen zu schaffen, die sowohl der kulturellen Identität wie auch der wirtschaftlichen Nachhaltigkeit Rechnung tragen.

Ohne öffentliche Finanzierung hat unabhängiges Filmschaffen – in der Schweiz wie in Europa – keine Zukunft. Und klar ist auch : Filmwirtschaft bedeutet nicht nur kommerziellen Erfolg, sondern muss auch gesellschaftlichen und kulturellen Wert schaffen, um langfristig verankert zu bleiben.

Meine Damen und Herren,

Der Schweizer Film bildet nicht nur unsere Gesellschaft ab, er inspiriert sie, er verändert sie, er stellt sie in Frage und bringt sie so voran.

Kultur hat eine «Perspektivfunktion», wie der Philosoph Odo Marquard einst formuliert hat. Sie bereichert unsere Gegenwart, indem sie dem Kommenden einen wichtigen Platz in unserem Denken sichert. Und wann wäre es wichtiger gewesen als heute, uns – trotz aller drängenden Probleme – mit dem Kommenden zu befassen? Und uns eine Zukunft vorzustellen, die nicht im Zeichen des Rückzugs oder gar des Rückschritts steht, sondern im Zeichen des Aufbruchs?

Die Weiterentwicklung einer gesamtheitlichen Filmpolitik setzt die enge Zusammenarbeit aller relevanten Akteure voraus: Bundesstellen, Regionen, SRG, Branche – und zunehmend auch privatwirtschaftliche Partner.