Au revoir et longue vie à la lutte contre le racisme !
La problématique du racisme a été reconnue pour la première fois en Suisse il y a 25 ans. Après l’adoption de l’art. 261bis CP par le peuple lors d’une votation mémorable, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) a vu le jour à l’automne 1995. Comme le relèvent les analyses des contenus médiatiques, le terme « racisme » n’a été associé à la Suisse qu’à partir des débats sur cette votation. Auparavant, le racisme était considéré comme un phénomène lointain, étranger, qui ne nous concernait pas.
La première pierre était alors posée. Il a toutefois fallu attendre encore plusieurs années pour que le racisme soit perçu comme un aspect primordial pour notre vivre ensemble et non plus seulement comme un phénomène regrettable. C’est alors seulement que le racisme a été reconnu comme un vrai problème de société, un problème qui n’allait pas se résoudre tout seul et qu’il n’était plus possible d’ignorer, mais qu’il fallait affronter et traiter.
Le « printemps des fronts » (caractérisé par des attaques et des meurtres commis par des groupes d’extrême droite) et les débats sur le rôle de la Suisse dans la Seconde Guerre mondiale ont contribué à faire de la lutte contre le racisme une tâche étatique au début du nouveau millénaire. Concrètement, cette reconnaissance s’est traduite par la création d’un service spécialisé, par l’allocation de ressources humaines et financières et par la possibilité d’octroyer des subventions à des projets Dès lors, la nécessité de lutter contre le racisme dans tous les domaines de la vie s’est progressivement imposée comme une évidence : le racisme est désormais considéré comme une cause possible de maladie dans une conception globale de la santé, comme une forme de violence dans l’animation jeunesse et le travail de police, comme un comportement à réprimer au nom du respect des droits humains dans l’éducation ou comme un obstacle à une cohabitation pacifique dans le travail d’intégration.
Les aides financières octroyées ces vingt dernières années ont permis de soutenir largement la société civile, via toute une série de petites et grandes organisations. Cette société civile donne un large écho et assure un effet durable aux nouveaux mouvements initiés ces dernières années. J’ai eu le plaisir d’accompagner cette évolution durant 25 ans, en participant à la création de la CFR puis en assumant la direction du SLR, où j’ai été épaulé par une équipe qui a beaucoup changé au fil du temps, mais qui est restée toujours aussi formidable.
Les bases sont désormais jetées, il reste à poursuivre le travail. Je souhaite bon courage et plein succès à Marianne Helfer, qui me succède à la tête du SLR, ainsi qu’à toute l’équipe.
Michele Galizia