10 000a pubblicazione dell’Ufficio federale di statistica

Bellinzona, 02.10.2024 - Discorso della Consigliera federale Elisabeth Baume-Schneider in occasione della 10 000a pubblicazione dell’Ufficio federale di statistica. Fa stato la versione orale.

Onorevole Presidente del Consiglio di Stato,
onorevole Consigliere nazionale,
egregio Direttore,
gentili Signore e Signori,

la Svizzera trae origine dallo spirito della statistica? Oppure, al contrario, la statistica svizzera trae origine dallo spirito del moderno Stato federale? Una domanda che mostra l’enorme importanza della statistica per il nostro Paese: per tutti noi e fino ai giorni nostri. E anche del ruolo storico, senza pari, ricoperto da Stefano Franscini.

Nel 1847 Franscini pubblica la «Nuova Statistica della Svizzera», allo scopo, per citare le sue parole, di «far conoscere lo stato della Confederazione». «Lo stato», un termine che può significare sia «Stato» – nel senso di nazione – sia «situazione». Il primo Consigliere federale ticinese concepiva lo Stato moderno solo come realtà sociale, politica e culturale rilevabile. E ciò che era rilevabile, era tale perché misurabile.

L’histoire se souvient de Stefano Franscini – un de mes prédécesseurs directs puisqu’il fut le premier en charge du Département fédéral de l’intérieur – comme un conseiller fédéral passionné par l’histoire et par les chiffres, animé par la conviction profonde que l’action politique doit être fondée sur une base scientifique.

Mais l’histoire se souvient aussi que l’esprit pionner de ce Levantin originaire de Bodio, initiateur de ce qui deviendra l’Office fédéral de la statistique, a dû faire face à des résistances importantes. En effet, la création, en 1860, de ce qui s’appelait alors le «Bureau fédéral de la statistique» a nécessité bon nombre de convictions, d’efforts et de débats engagés. Franscini a dû non seulement composer avec des ressources extrêmement limitées – quelques milliers de francs de budget par année – mais également contestées.

En 1859, le Parlement – visiblement pas encore très convaincu par l’utilité d’un tel bureau – interrogeait frontalement le sens d’un tel instrument: ils n’hésiteraient pas à revenir sur leur décision si rien de sérieux et d’efficace ne sortait de ce Bureau. Le scepticisme était donc de mise. Je pense que nous pouvons apprécier à sa juste valeur qu’en Suisse, la perspective de la politique financière ne s’impose pas automatiquement, mais nécessite des arbitrages et des débats politiques.

Malgré toutes ces difficultés et les doutes entourant la nécessité même de son existence, le Bureau fédéral de la statistique a rapidement fait la preuve de son utilité. En 1862, deux ans après sa création, il livrait sa première publication, déjà, d’importance systémique. Sur pas moins de 453 pages étaient publiés les chiffres du recensement fédéral de la population du 10 décembre 1860, le deuxième au niveau fédéral.

Chaque tableau montrait les augmentations et les diminutions par rapport au tout premier recensement fédéral de 1850. A travers le prisme des chiffres de la population, on y découvrait un aperçu des ruptures sociales fondamentales de cette époque. Par exemple, les rapports hommes-femmes.

Je cite: «C’est le canton de Berne qui offre la proportion la plus favorable entre les deux sexes puisque dans la période la plus importante pour leur vie en commun, à savoir de 21-30 ans, il y a un équilibre numérique presque absolu.» Par contre, le déséquilibre apparaît de manière «frappante» dans les cantons des Grisons et du Tessin. Dans ce canton, on comptait en effet 169 femmes pour 100 hommes de 21 à 25 ans. La pauvreté, et l’émigration des jeunes hommes qui en découle, se reflétait et se lisait ainsi dans un recensement de la population.

La statistique offre dès lors un autre regard. Plus différencié. Et dynamique. Avec ce recensement, elle peint une Suisse en mouvement, work-in-progress pour user d’un terme contemporain. Des chiffres qui sonnent comme un appel à la découverte de nous-mêmes, dans une Suisse complexe et diversifiée, qui ne cesse de se réinventer.

Si la tâche principale du Bureau fédéral de la statistique dans le jeune Etat fédéral consistait à mesurer la population, le champ d’activité de l’OFS s’est depuis lors considérablement et constamment élargi. Aujourd’hui, il produit des données de qualité qui permettent d’analyser notre pays dans ses dimensions sociale, économique, culturelle et environnementale. Les colonnes de chiffres qu’il nous propose dévoilent le panorama d’un pays dans toute sa granularité.

Permettez-moi de partager quelques exemples:

  • Saviez-vous qu’en Suisse, une maison individuelle sur deux n’est habitée que par une ou deux personnes?
  • Saviez-vous que la pandémie de Covid n’a pas entraîné d’augmentation du taux de recours à l’aide sociale?
  • Saviez-vous que plus de la moitié des délits commis en Suisse le sont contre le patrimoine?
  • Et saviez-vous qu’il y a 1,5 million de bovins en Suisse? Un sur cinq dans le canton de Berne? Et exactement 10 167 au Tessin? Soit un sur 150 …

Pourquoi ces chiffres sont-ils importants? À qui ces données profitent-elles? Le commanditaire est dans la plupart des cas le monde politique, souvent le Parlement. J’insiste sur ce point parce que nous entendons régulièrement des voix au sein de ce même Parlement qui regrettent la bureaucratie liée à la collecte des données. On entend parfois parler de «Erbsenzählerei». Mais c’est ce même Parlement qui est souvent lui-même très exigeant – et qui a raison de l’être – quant aux informations que l’administration fédérale devrait lui livrer et mettre à disposition.

C’est tout à fait indiscutable: les statistiques sur l’égalité des genres, sur la santé publique ou les indicateurs économiques consultés par les entreprises et qui guident leur travail et leurs efforts sont essentiels à notre prospérité et au fonctionnement de notre société sur le plan national mais aussi sur le plan international. Pour orienter leur politique le plus précisément possible en fonction de la réalité, le Conseil fédéral et le Parlement ont besoin de points de repère objectifs.

Avec ses données indépendantes, transparentes et de grande qualité, l’OFS fournit au monde politique un instrument indispensable à la démocratie et à l’Etat fédéral moderne. Elles ne constituent rien de moins que l’épine dorsale d’une politique ancrée et basée sur les faits. Une politique également appelée à ne pas négliger le fait que notre quotidien à toutes et à tous, dans toute sa diversité, ne peut se laisser entièrement expliquer et analyser sur la base des données chiffrées. La richesse de la Suisse contemporaine, ce sont aussi les exceptions qui confirment la règle, les cas particuliers qui n’entrent dans aucune case, l’inattendu, l’original, l’imprévu. C’est véritablement le mariage des deux – d’un côté les chiffres avec leur rigueur, de l’autre le vécu avec sa subjectivité – qui crée de la nuance. Et explique ce qui fait la diversité, la créativité – et donc la valeur – de notre société.

Die Realität schlägt sich in der Statistik nieder. Und die Statistik formt ihrerseits die Realität. Wie sagte doch Winston Churchill einst treffend: «You must look at the facts because they look at you.» Die Statistik ist ein Instrument, eine Art Scheinwerfer, den man auf gesellschaftliche Bereiche richtet, in der Absicht, möglichst genau erkennen zu können, wie es um deren Zustand steht. Eben: «lo stato della Confederazione» in allen seinen Facetten.

Welche Bereiche ausgeleuchtet werden, das ist natürlich immer ein politischer Entscheid. Dieser Entscheid muss transparent gemacht werden. Und er verpflichtet dazu, eine hohe Qualität der Daten zu garantieren. Sowie Tag für Tag an einer ebenso hohen Vertrauenswürdigkeit der Institution zu arbeiten, die diese Daten produziert. Die Methoden müssen überprüfbar sein und es braucht eine Kultur der Selbstkritik – das BFS verfügt über alle diese Stärken.

Ce capital réputationnel n’a sans doute jamais été aussi précieux qu’aujourd’hui. Car il n’y a pas que les «fake news» qui rendent le discours démocratique difficile. Il y a aussi des formes plus subtiles et pernicieuses de distorsion de la réalité: ces récits et ces narratifs qui semblent si plausibles au premier abord, que personne ne se donne la peine de les vérifier empiriquement.

C’est là que les statistiques entrent en jeu. Elles nous aident à garder le cap. Elles nous guident à travers l’épais, parfois même obscurcissant brouillard d’informations. C’est la statistique qui fait de nous des citoyennes et des citoyens documentés et responsables, sans lesquels il ne peut y avoir de culture démocratique vivante et saine. C’est tout particulièrement vrai pour la statistique publique. Car elle ne sert pas d’intérêts particuliers, elle n’a pas d’agenda caché.

Appréhender la réalité de manière statistique, et donc scientifique, signifie travailler sans relâche sur les fondements du bien commun. C’est l’héritage de Stefano Franscini, qui fut aussi le fondateur de l’Ecole polytechnique fédérale, une autre histoire à (grand) succès. Mais c’est aussi le mérite des nombreux collaborateurs et collaboratrices, qui accomplissent au quotidien ce travail pour le bien commun avec un degré d’exigence remarquable.

Je vous remercie chaleureusement d’avoir veillé à ce que cet engagement et cette éthique éclairée se perpétuent jusqu’à aujourd’hui et je me réjouis de la promouvoir à vos côtés. Congratulazioni all’UST per la sua 10 000esima pubblicazione!


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